Quelle sera l’influence de la norme WLTP sur le marché de l’occasion ?

Depuis le 1er septembre, toutes les nouvelles voitures immatriculées en Europe doivent passer le test WLPT, qui est un moyen plus réaliste de mesurer la consommation de carburant et les émissions de CO2. Ce nouveau tournant a suscité de nombreuses questions et inquiétudes. Quel est l’impact de cette nouvelle norme sur la vente de voitures d’occasion ?

La norme WLTP a et aura probablement d’autres effets parfois imprévus sur le marché de l’occasion. Les premiers effets se sont déjà fait sentir l’été dernier. Pour se débarrasser de leurs voitures encore testées selon l’ancien système NEDC, les importateurs et les distributeurs ont proposé des soldes si attrayants que les anciens amateurs de voitures d’occasion se sont tournés vers le marché des véhicules neufs. En août, les immatriculations de voitures neuves ont augmenté de 31 % en Europe. Une hausse très artificielle qui s’explique par le fait que la date de la nouvelle norme approche à grands pas et que les concessionnaires ont donc été contraints d’enregistrer eux-mêmes leurs invendus pendant qu’il était encore possible de le faire. Le marché de l’occasion a ainsi été inondé d’un seul coup de plusieurs milliers de voitures à « zéro kilomètre ».

Prolonger ou attendre…

Nous connaissons tous l’histoire : le processus d’essai de consommation WLTP a souvent eu un effet négatif sur les valeurs de CO2. Même les chiffres extrapolés, connus sous le nom de NEDC 2.0 ou NEDC corrélés, sont souvent plus élevés. D’entre 10 et 15 % en moyenne. Depuis que la plupart des États européens ont mis en place une taxe automobile sensible aux émissions de CO2, le secteur des flottes automobiles a fait preuve d’une grande prudence. Certains gestionnaires ont profité des bonnes conditions estivales pour acquérir et immatriculer immédiatement leurs véhicules. Mais la plupart d’entre eux ont préféré attendre que les fabricants publient leurs chiffres WLTP/NEDC2.0 avant de passer leurs commandes. Les entreprises ont donc préféré prolonger la durée de vie de leurs voitures. Celles qui n’ont pas attendu la publication des chiffres pour signer leurs bons de commande sont maintenant confrontées à un autre problème : les délais de livraison de leurs nouvelles voitures. La raison en est que de nombreux modèles n’ont pas été testés à temps (et certains ne le sont toujours pas), soit en raison de la révision de la production, soit en raison de la liste d’attente dans les laboratoires d’essai. De nombreux fabricants ont tardé à faire ratifier les valeurs pour (certains de) leurs modèles. Quoi qu’il en soit, la conséquence est la même : en attendant la commande ou la livraison de leurs voitures, les modèles déjà en circulation prolongent leur carrière sur la route, ce qui se traduit par des kilométrages plus élevés. Ces voitures arriveront plus tard que prévu sur le marché de l’occasion, et probablement toutes à peu près en même temps, avec les difficultés que l’on peut imaginer pour les écouler le plus rapidement possible. Cette situation entraînera un certain déséquilibre entre l’offre et la demande pour ces voitures âgées de quatre à cinq ans qui affichent entre 140 000 et 180 000 km au compteur. Leur prix augmentera donc sensiblement en Europe. L’astuce consistera à faire preuve du bon degré d’agressivité au moment des ventes aux enchères afin de s’assurer de rester dans la course.

L’avenir avec le CO2?

D’ici deux à quatre ans, les premières voitures testées selon la norme WLTP arriveront à leur tour sur le marché de l’occasion. Il est difficile de prédire ce qui se passera exactement. Néanmoins, le système fiscal ne changera pas : il restera lié au CO2. Aujourd’hui, la plupart des marchés européens ont accepté d’alléger la charge fiscale du WLTP en acceptant d’utiliser les valeurs NEDC 2.0 comme base de calcul. Nous le répétons : ces valeurs ont déjà tendance à être plus élevées. Mais tôt ou tard, selon les pays, ce sont les valeurs WLTP qui serviront définitivement de base au calcul de la taxe. Cela aura, en outre, un impact sur chacune des options concernant les valeurs de CO2. Il semble donc logique que les acheteurs de voitures d’occasion recherchent des véhicules dont le niveau de CO2 est le plus bas possible et donc, peut-être, des voitures plus anciennes. En effet, même si les voitures récentes sont effectivement moins polluantes que les anciennes, elles afficheront en réalité des niveaux de CO2 plus élevés. Telle est la réalité du WLTP. Les zones à faibles émissions et autres restrictions qui apparaissent autour des (grandes) villes réduiront néanmoins cet effet. En effet, dans ces zones, ce sont souvent les normes européennes qui s’avèrent pertinentes. Il se peut toutefois que le marché s’oriente plutôt vers des voitures d’occasion récentes, mais moins équipées… Il est encore un peu tôt pour le dire car, les achats ayant été reportés, il est difficile d’évaluer quel sera le comportement de l’acheteur type (notamment de flottes) sur le marché des voitures neuves.

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